BASKET-BALL - PRO A - APRÈS SLUC NANCY - ROANNE (56-49)
SOLIDE SUR SES APPUIS
En dépit de ses déséquilibres, le SLUC construit ses conquêtes à force d’investissement défensif. Une « assurance-vie » qui a le mérite de lui garantir un revenu minimum. En attendant mieux.
Nancy. Un regard furtif en direction du banc nancéien, à quelques secondes du buzzer final, a largement suffi à cerner l’état d’esprit d’Alain Weisz à ce moment. Les poings serrés, le coach a évacué les restes de stress et de crispation qui l’avaient accompagné pendant quarante minutes. Peut-être même tout au long de la semaine, depuis cette défaite indigne subie au Havre, qui n’avait fait qu’accroître les doutes qu’il rumine depuis trop longtemps sur le potentiel de son équipe.
La thérapie s’est achevée quelques minutes plus tard, devant les micros : « C’était un match de souffrances que l’on est simplement content d’avoir gagné. Ce match, c’est juste l’histoire d’un soir. Il n’y a pas grand-chose à en retirer, si ce n’est le formidable investissement des joueurs. Mais nous sortions d’un match minable et nous n’étions pas bien dans nos têtes. Si nous avions perdu ce match, nous aurions été très mal. Nous nous sommes remis en questions toute la semaine, en accentuant notre travail sur la défense. »
Le propos était sincère. Il semblait presque clore une période de crise. Crise de confiance et de sérénité, à tout le moins. Pour les joueurs et peut-être plus encore pour un entraîneur qui s’est indéniablement mis une grosse pression sur les épaules, au lendemain d’une expérience marquée par l’échec (à Antibes).
Sur le plan des résultats, il n’y a pourtant pas lieu de céder à la panique. Ni au sortir du naufrage au Havre, encore moins aujourd’hui. La saison dernière, au même passage intermédiaire, le SLUC affichait un bilan plus inquiétant (une victoire et cinq défaites). Mais l’ancien sélectionneur de l’équipe de France s’est fixé des objectifs élevés. Et, plus que le bilan chiffré, ce sont les déséquilibres affichés par son équipe qui le tracassent.
Déséquilibre entre les cadres et le rendement des hommes sortis du banc, tout d’abord. Mardi soir, les rotations n’ont pesé que huit petits points sur les cinquante-six inscrits par le SLUC (certes, Mipoka était forfait). Famélique. Et gênant, sur le long terme, dans la mesure où Falker (38 minutes de jeu), Piétrus (40) et Nichols (39) ont encore tenu la boutique plus que de raison. « À ce rythme-là, je vais les tuer… » soupirait le technicien, mardi soir, dans un nouvel appel à l’urgence du remaniement.
La défense comme « assurance-vie »
Déséquilibre également entre la défense et l’attaque. C’était particulièrement criant mardi, face à un adversaire logé à la même enseigne. « Ce n’est pourtant pas faute d’avoir obtenu les tirs ouverts », soulignait Alain Weisz, « À l’évidence, nous devons trouver un peu plus d’équilibre dans le jeu, entre la défense et l’attaque. » Un constat que l’on a globalement envie d’étendre à tout le début de saison.
Jusqu’à présent, l’immense majorité des adversaires et des observateurs dont on a sollicité l’avis a d’abord mis en avant le potentiel offensif du SLUC. C’est sans doute exagéré, peut-être à dessein d’ailleurs. Actuellement huitième attaque de Pro A (77,3 points de moyenne), le SLUC recule même au onzième rang si l’on ne tient pas compte des deux prolongations disputées contre Nanterre et à Dijon (74,6 points). Il n’y a pas, là, de quoi considérer cette équipe comme une formidable armada offensive. « Je ne me berce pas d’illusions sur la qualité offensive de mon équipe », admet Alain Weisz, qui sait mieux que quiconque quel est le principal atout de son groupe.
Aujourd’hui, c’est d’abord en défense, porté par l’abattage de son duo Falker-Piétrus, que le SLUC fait ses meilleures affaires. Quelles que soient ses carences offensives, il s’en sort lorsqu’il est totalement investi en défense (contre Gravelines et Roanne). Lorsqu’il pêche dans ce domaine, en revanche, il est en difficultés (à Dijon en début de match, au Havre).
En cette période un peu floue où le projet de remaniement trouble la visibilité, la rigueur défensive constitue pour le SLUC plus qu’une marque de fabrique, une « assurance-vie ». C’est déjà énorme. Et presque rassurant pour l’avenir. Surtout si l’on se dit que l’équipe d’Alain Weisz pourrait compter aujourd’hui deux victoires de plus (eu égard aux circonstances des défaites face à Nanterre et Dijon) et que les retouches dont l’effectif doit faire l’objet ne peuvent qu’améliorer l’équilibre des forces…
Thomas SIMON