« Il faut aller au bout ! »Elu MVP par les capitaines et entraîneurs de Pro A ainsi que par 45 représentants des médias, Cyril Julian veut honorer ce titre en play-off avec Nancy sa ville d'adoption.
NANCY. Dans le parc vert nature, derrière la terrasse de la maison des Julian, les saveurs de mai remontent, les oiseaux chantent. C'est le printemps. Celui du SLUC Nancy qui aura gagné dix-huit matchs sur vingt depuis Noël pour finir premier à égalité avec Pau mais battu seulement au panier-average.
Celui aussi de Cyril qui entre la treizième et la trentième journée aura tourné à 16,1 pts et 11,2 rebonds de moyenne. Des chiffres splendides qui l'auront propulsé comme en 2002 au titre de meilleur joueur français du championnat à la suite d'un scrutin composé de joueurs, entraîneurs et journalistes où il fut plébiscité avec 56 premières places sur 81 votants et avec 132 points d'avance sur son copain Max Zianveni.
Entre deux aller-retours à l'école pour aller chercher ses enfants, Cyril nous a accueillis, chez lui, pour évoquer son retour réussi au SLUC et ses ambitions pour la suite des événements. Les play-off débuteront pour Nancy le 23 mai prochain soit au Havre, soit à Chalon. Et Cyril donne déjà rendez-vous aux Nancéiens pour le 25 pour le match retour.
- Une distinction individuelle dans un sport collectif, c'est toujours spécial ?- C'est vrai. En 2002, j'ai été MVP et nous avons gagné la coupe Korac. En 2006, je suis MVP mais cette distinction pour qu'elle ait un sens, doit s'accompagner d'un titre de champion de France. Il faut maintenant aller au bout !
« Faire la nique aux Ricains »- Ça veut dire gagner cette fois la finale. Aviez-vous suivi celle perdue il y a bientôt un an contre Strasbourg ?- J'étais sur la route puisque je rentrais de Valence. J'étais informé toutes les cinq minutes. A la mi-temps lorsque je suis arrivé chez mon pote, il m'a dit que le SLUC menait de onze points. J'ai cru que c'était bon. Mais j'ai compris aussi que le SLUC venait de changer de statut, que l'équipe et le club, avaient pris du volume.
- Votre adversaire le plus dangereux pour ces play-offs ?- Strasbourg en demi-finale même s'il faudra forcément battre tout le monde pour être champion.
- Et le genou ?- Ça va. L'inflammation a bien diminué. Mercredi, je peux reprendre les contacts à l'entraînement.
- Etes-vous plus fier d'être meilleur rebondeur du championnat devant les Américains (9,3) ou d'avoir réussi seize double-double (10 pts, 10 rebonds) ?- D'avoir fait la nique aux... Ricains. C'est du jamais vu dans l'histoire de la Ligue.
- Zianveni deuxième du classement, c'est aussi un succès en duo ?- On forme un tandem explosif et complémentaire. D'avoir Max à mes côtés, c'est un avantage pour moi. On dit que nous formons la meilleure paire d'intérieurs du championnat, ça prouve qu'il y aussi des bons joueurs en France. D'ailleurs, depuis mon titre MVP, les clubs étrangers dont Valence ont téléphoné à mon agent. Moi, je veux pour l'instant, rien savoir...
- Au fait, parle-t-on français au SLUC ?- Non et ça m'énerve. Le coach le sais. En Espagne, tu as trois mois pour apprendre la langue. Après si tu comprends, tu joues mais si tu ne comprends pas, tu as toutes les chances de ne pas jouer...
- Votre meilleur match de la saison régulière ?- Chalon à domicile (31 pts, 11 rebonds, 30 d'évaluation) ou peut-être à Strasbourg même si on avait perdu.
- Quel est le joueur qui vous a posé le plus de problème cette saison ?- On s'adapte aux stratégies. Et puis Jean-Luc Monschau a plus d'une corde à son arc. En championnat, ça va mais en équipe de France, tu joues parfois contre des joueurs trop forts. Contre un garçon comme Fabricio Oberto (Spurs et Argentine), tu peux faire tout ce que tu veux, il n'y a pas moyen...
« Le sirtaki à Gentilly ça m'énerve... »- Puisque vous parlez de l'équipe de France, le Mondial au Japon est-il votre dernière campagne ?
- J'arrête après le Japon. C'est définitif. Depuis 1992, tous les étés, je suis sur le pont. Avec les juniors, les militaires, les moins de 22 ans et bien sûr l'équipe de France A.
- Avec Parker et Diaw qui « flambent » en NBA, l'équipe de France possède aujourd'hui de vrais leaders ?- On aura au Japon la plus belle équipe de France depuis les Jeux de Sydney et notre fameuse médaille d'argent.
- Avez-vous revu les trois dernières minutes de la demi-finale de l'Euro contre la Grèce ?- Une seule fois. Et je ne veux plus la revoir. D'ailleurs lorsqu'à Gentilly, on lance la musique du sirtaki pour mettre de l'ambiance, ça m'énerve. Heureusement que derrière, les Grecs ont été champions d'Europe. Une bien mince consolation.
- Regrettez-vous votre expérience en Espagne (Geron puis Valence) la saison dernière ?- Pas du tout. Ça m'a permis de mûrir. Et ça me servira pour ma reconversion future.
- La différence entre le basket français et espagnol ?- Rien à voir. En Espagne, les clubs ont des moyens énormes. Ça va du simple au triple par rapport à la France.
- Quel est le secret de la longévité Julian ?- Peut-être la famille ? Les enfants ? Le jour où je me réveillerai sans avoir envie d'aller à l'entraînement, j'arrêterais.
- A qui dédiez-vous ce titre ?- D'abord à ma maman qui connaît des ennuis de santé. Elle m'a appelé ce matin. Elle était heureuse. Puis à mes co-équipiers. Pour y arriver, croyez-moi, on bosse.
- Qu'est ce qu'on peut souhaiter à Cyril Julian ?- Etre champion de France avec le SLUC le plus vite possible. Ça serait une belle récompense pour un Grand Monsieur qui nous regarde depuis là-haut...
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« Placement, hargne bonnes mains »NANCY. - Son entraîneur au SLUC, Jean-Luc Monschau a tenté de donner les raisons pour lesquelles Cyril Julian a été élu MVP du championnat :
« Cyril est ne l'oublions pas le meilleur rebondeur du championnat devant les Américains, ce qui est exceptionnel grâce à son placement, sa hargne, ses bonnes mains qui captent les ballons qui voyagent. Pour sa taille, Cyril a une bonne vitesse de réaction et fait très souvent un bon usage de la balle.
Il a aussi et surtout pour lui ce talent en attaque, ce qui offre à ses co-équipiers l'occasion de le servir près du cercle. Je crois qu'il n'a jamais été autant servi dans toute sa carrière que cette saison ».-----------------------------------
Républicain lorrain
Cyril Julian: "C'est du pain béni"Numéro 1! Cyril Julian a été élu meilleur basketteur français pour la saison 2005-2006. Rien de surprenant tant l'international du SLUC a imposé son talent avec une féroce constance.
On ne va pas jouer les étonnés... Ce trophée était attendu! "Oui, apparemment, pour tout le monde c'était évident. Il suffisait d'attendre la date officielle..."
* Important ce titre MVP pour un homme déjà bardé d'honneurs? "Je suis très content parce que cela s'est transformé en plébiscite! Et les sportifs professionnels aiment, espèrent ce genre de reconnaissances. C'est du pain béni pour nous."
* Pourquoi Cyril Julian et pas un autre? "Je savais avoir réalisé beaucoup de bonnes choses mais les autres, aussi, se trouvaient dans ce cas. Il ne s'agit pas d'une question de talent mais d'appréciation. Max (Zianveni) finit deuxième, il aurait pu gagner mais s'est montré parfois irrégulier. Ma constance a prévalu."
* Jamais un Français n'avait terminé premier aux rebonds devant les Américains. Et Zorro Julian est arrivé! "Cocorico! Ça, c'est super. Comme je ne pouvais devancer les joueurs US au niveau des points, je me suis concentré sur les rebonds. Je suis fier de ce que j'ai réalisé et heureux. Vous connaissez mes convictions à ce sujet (il estime que le championnat est trop américanisé et revendique la langue de Molière dans son quotidien de basketteur).
* Vous succédez, au palmarès, à un vieux pote, Laurent Sciarra. Émotion? "Exact. Tous les deux, récemment, on se disait que les jeunes devraient commencer à se bouger (l'un à 33 ans, l'autre 32). On ne va pas tenir la baraque encore dix ans! Nous avons à coeur en tout cas de montrer la voie aux gamins car la relève est là."
* Malgré ce rang de n°1, des regrets? "Oui, ces petites blessures dues au manque de récupération depuis l'Euro de l'été dernier. Nous n'avons pas eu le temps de se refaire une santé. D'où un cumul de fatigue et de la casse. Moi, d'une certaine façon, j'ai été épargné."
* Entre 2002 et 2006, quel est le meilleur Julian? "Une comparaison difficile. Il y a du bon des deux côtés. Il faudrait mélanger! J'étais plus jeune la première fois, donc plus inconscient de ce qui se passait."
* A plus de trente printemps, peut-on encore progresser? "Pas de doute, avec davantage de maturité. En plus, physiquement, je me sens en pleine forme. Ma femme me chambre en me disant: vu comme tu cavales encore, tu peux prétendre au titre l'an prochain! On ne va pas s'emballer..."
* Votre rendement, en début d'exercice, n'était pas celui d'aujourd'hui. Un n°1 est-il le produit d'un collectif? "J'arrivais dans un groupe qui vivait ensemble depuis douze mois. J'étais un élément extérieur, perturbateur presque. Progressivement s'est opéré un échange de confiance. A un moment donné, nous sommes repartis sur des bases saines."
* Le coach aide-t-il dans la quête du sacre? "Déjà par son temps de jeu qu'il vous accorde et qu'on essaye de rentabiliser au maximum."
* Sans vouloir polémiquer, le n°1 du basket hexagonal est toujours très prisé... "Sûr... Depuis un mois, je ne cesse d'être sollicité, notamment par les clubs espagnols (meilleur championnat européen) et celui où j'étais en 2005. Ses dirigeants m'ont avoué qu'ils avaient peut-être commis une erreur en me laissant partir. Ça fait plaisir... Mon agent, également, reçoit des tas de propositions. Mais l'heure est aux play-offs. J'ai coupé mon téléphone."
Alain THIÉBAUT.
c'est un taille 7 ce ballon? grosse paluche monsieur julian.