Le progrès
Jean-Denys Choulet, gentleman martial
Coach de basket depuis dix-sept ans, le Franc-Comtois va participer pour la première fois aux play-offs de Pro-A, avec la Chorale Roanne Basket. Son look rigide cache une personnalité à part entière. Rencontre.
Chorale de Roanne, fin des années 90. Le club végète alors dans le ventre mou de pro-B. Six saisons plus tard, l'ère Jean-Denys Choulet ramène Roanne en play-offs, une première depuis 1992
Jean-Denys Choulet, spécialiste en petits budgets, travaille, avance, bouscule, quitte à froisser. Il ne laisse personne indifférent. Coach « J.D. » n'a pas été joueur de haut niveau, mais « prof » d'EPS pendant onze ans à Besançon, avant d'embrasser une carrière d'entraîneur en 1989. Il a appris sur les parquets jusqu'à Gravelines, puis Roanne. Le souci, c'est « que je dis ce que je pense. Beaucoup ont peur de mon image Pourtant, rarement j'ai eu de problèmes, y compris à Gravelines où j'ai encore des amis. »
Jacques Monclar : « Jean-De est plus affectif qu'il ne veut le montrer »
Coupe de cheveux militaire, grosse voix, grande gueule « Je n'ai jamais cultivé cette image se défend Choulet. La façade est rigide, drapée par le milieu du basket de la bannière étoilée. « Comme mes clubs n'avaient pas les moyens de recruter des noms, je suis allé chercher dans les universités américaines. J'ai commencé au début du développement de l'informatique, je me suis fait une base de données. J'ai vécu à l'étranger. Mon père installait des entreprises d'horlogerie. Je maîtrise l'anglais, voilà ».
Jacques Monclar maîtrise le personnage : « «Jean-De« est plus affectif qu'il ne veut le montrer. Sous son air martial, c'est un type bien qui gagne à être connu. Il a des valeurs, comme la famille, l'honnêteté. » Choulet aux Amériques ? Et alors « Il aime bien son physique martial et il aime être là-bas. Il baigne dans son jus. Mais il est très franchouillard en fait ! Et où recrute l'OL ? Au Brésil ou au Japon ? » s'amuse Jacques Monclar, qui, avec Greg Beugnot et Vincent Collet, forme le trio de coaches favoris de Choulet.
Les bonnes pioches US sont le label JDC. « Cela me gratte un peu. Je suis aussi fort, voire plus fort, que d'autres pour le reste, mais on ne retient que le recruteur de talent. » Jean-Denys Choulet assume son franc-parler. « J'ai du mal à dire le contraire de ce que je pense, même si, cette saison, je protège mon équipe dans la presse. » Le club a aussi oeuvré pour cela Et lorsqu'on soumet qu'il aime le conflit, il nie : « Je ne calcule pas. En fait, je suis très mauvais pour passer la main dans le dos des gens pour en obtenir satisfaction. »
Respect, honnêteté, savoir-vivre : un code de conduite.
« L'autre jour, un spectateur, à Nancy, m'a insulté tout le match. C'est facile dans la foule ! C'est comme ceux qui critiquent sur le web, cachés derrière un pseudo. » L'insouciant de Nancy a reçu un chewing-gum pour son écart de savoir-vivre.Choulet, 100 % basket, cela le fait aussi rire. « Au début, je me levais la nuit pour gratter des systèmes. L'âge aidant, je me rends compte que les choses que je pensais prioritaires ne le sont pas. À la maison, on ne parle pas de basket, cela me gave ». Il aime la nature, se promener avec Ulk - son chien -, la photo, être en famille, avec des amis à écouter de la musique. « On ne trouve pas d'endroit pour les 30/50 ans qui veulent écouter de la bonne musique. J'ai l'idée d'en créer un. »
Jacques Monclar ajoute encore : « Dès qu'il y a un truc dernier cri high tech, Jean-De va l'acheter ; on le chambre pas mal avec cela. » JDC signe : « Si je pouvais, j'investirais dans un système hi-fi ultramoderne pour la maison. »
« Coach JD » refroidit physiquement. Pour autant son paternalisme avec les joueurs est évident au quotidien. « Je passe sur des comportements, car je suis obligé de faire avec. Ici, il faut gérer. Je ne crois pas qu'il y ait une caste joueurs et une autre entraîneurs. Cela me fait plaisir que des joueurs passent chez moi. Même si on donne beaucoup sans recevoir des masses ».
Contre Hyères-Toulon, samedi, à la pause, avant l'obtention du ticket pour les play-offs, la voix de JDC, dans les vestiaires, n'avait rien du blues. Mais, dans la saison, il a aussi pudiquement inscrit sur le tableau en fin de match « Good game ». Le look ne fait pas le martial
ÉRIC PEJOUX
l'histoire du chewing gum...comme quoi on a aussi malheureusement quelques abrutis dans les travées de gentilly.
Bon z'avez compris? le prochain qui critique Dan ("caché derriere un pseudo") je lui jette mon chewing gum.