En 1980, l'ASPO Tours décrochait son 2ème titre de champion de France (après 1976)
PREMIERE PHASE:Un changement de règlement (un énième diront certains) sépare la saison 1979-80 en deux phases distinctes. Alors que l'année précédente, le champion était désigné au terme de la saison régulière, en 1980 est instaurée une poule finale à quatre. Les 4 premières équipes de la saison régulière se disputent en match aller-retour le droit d'accéder à la finale disputée en une manche sèche à Nantes. Christian Balzer, ancien joueur du SCM Le Mans, déclarait à propos de cette nouvelle formule: "Elle favorise nos projets, je le crois. Pourquoi? D'abord, dans la première partie du championnat, au moment même où nous devrons batailler ferme sur le plan européen (...) nous n'aurons plus la hantise à chaque match, de devoir nous battre à mort puisqu'il nous suffira de terminer dans les 4 premiers, ceux-ci étant qualificatifs pour le play-off d'où sortira le champion de France 1979-80".
Course à la première place: Cette première phase se trouve dominée par 2 équipes très ambitieuses qui entendent bien faire tomber le champion manceau, l'ASPO Tours et l'ASVEL. Pour cela le coach tourangeau Pierre Dao, également sélectionneur de l'équipe de France, compte sur l'apport de sa nouvelle recrue en provenance d'Antibes, le multi-sélectionné Jacques Cachemire. La conservation du puissant pivot américain Cliffton Pondexter, ancien Bull de Chicago, et du meneur des Bleus Jean-Michel Sénégal, ne fait que confirmer l'ambition tourangelle. Après être retombé dans le rang suite au titre 1976 (7ème en 77 et 78, 4ème en 79), les tourangeaux visent un nouveau sacre. Pourtant après un début plus que correct (2 défaites et 1 nul à l'issue de la phase aller, et oui à l'époque en cas d'égalité à la fin du temps réglementaire on ne jouait pas de prolongation), la tension monte dans les vestiaires. Un nouveau revers à Lyon pour le 1er des matches retour donne même des envies de départ au coach. Le groupe réagit aussitôt en remportant le choc au sommet à Villeurbanne (79-81) et l'équipe s'envole en enchaînant 9 succès de suite qui la conduise à la première place de la saison régulière (20V 2N 4D).
Mieux partis, les villeurbannais (4 victoires sur 4) doivent céder leur place de leader lors de la phase retour mais concrétisent globalement les espoirs placés en eux (20V 6D). Dans les 3 premiers depuis 2 ans, le club le plus titré de france vise un 15ème championnat. Le président De Barros ne cache pas ses objectifs: "Les supporters sont déçus de notre 3ème rang en championnat derrière Le Mans et Caen. (...) Il faut reconquérir le titre, 1er objectif, et sacrifier la coupe Korac". L'équipe rhodanienne déclare ainsi forfait en coupe d'Europe et compte sur ces deux jeunes espoirs français Jacques Monclar (22ans) et Philippe Szanyiel (19ans) ainsi que sur l'américain Ted Evans (27 ans, 2.07m) pour aider la légende Alain Gilles (34 ans) à franchir le cap. Un difficile mois de décembre (défaite contre Nice, Tours et Antibes) relègue l'ASVEL derrière l'ASPO que l'entraîneur André Buffière place en favori: "Tours ... si je dois donner un nom de prétendant au titre."
Course à la poule finale:Derrière ce duo, sept équipes se disputent les 2 dernières places qualificatives. Le champion de France manceau fait figure de leader de ce groupe mais peine lors de la phase aller, enregistrant 4 défaites de rang (Tours, Stade français, Asvel et Monaco). Le "Moderne" est en crise avec la blessure du pivot américain Greg Parham, le renvoi de l'autre US Bill Lindsey, le nez cassé d'Hervé Dubuisson et le différend opposant les deux "stars" françaises Eric Beugnot et Hervé Dubuisson. L'entraîneur Bob Purkhiser est même obligé de reprendre du service sur le terrain pour écoper un navire commençant à prendre l'eau. Ce n'est au final qu'à l'ultime journée que les sarthois (15-1-10) compostent leur ticket pour la poule finale en disposant de Mulhouse et en profitant de l'échec caennais à Limoges.
La quatrième équipe qualifiée apparaît comme le cendrillon de la compétition. Champion de France de N2 l'année précédente (notre ProB actuelle), le Stade Français Evry n'était pas attendu dans le quatuor de tête. Mais Jacky Renaud parvient d'entrée à créer l'osmose autour des expérimentés Dorigo (36 ans) et Longueville (33 ans) et des jeunes Wansley (23 ans), Cazalon (22ans) et Cham (20 ans). Après 4 journées les parisiens occupent la tête avec les villeurbannais. Il s'en faut même de 2 lancers-francs de Cachemire à quelques secondes de la fin pour empêcher l'Agora d'exploser (77-77). Troisième à l'issue des matchs aller, le Stade se maintient au sommet (15-1-10) en ne commettant aucun faux pas, ces seules défaites étant concédées contre les "gros (Caen, Orthez, Asvel, Tours, Le Mans et Antibes).
Derrière Caen et Orthez échouent d'un petit point (15-11). Toujours sur le podium mais jamais gagnant depuis 1976, le Caen BC connaît une intersaison agitée. Les finances sont dans le rouge et l'ambiance s'en ressent. Victor Boistol et Yves-Marie Vérove font leurs valises, ce dernier déclarant "là-bas, je vais être plus tranquille (à Limoges). Plus de magouille" (assez drôle d'ailleurs quand on est connait la suite). Même Robert Riley l'américain naturalisé, au club depuis 1971, est tout prêt de partir. Deux échecs initiaux et les incidents du match contre Tours ne font que noircir le tableau. Les arbitres (Sorentino et Ducrotoy) sont agressés par les spectateurs après une défaite d'un petit point (77-78). Le président Badache ne calmait pas vraiment le jeu en déclarant "Pierre Dao influence les arbitres par ses doubles fonctions d'entraîneur de l'équipe de France et de l'ASPO Tours." Malgré la suspension de la salle, l'équipe des frères Galle était enfin lancé (5 victoires de suite en championnat). Pour intégrer le top 4, les normands devaient remporter les 2 derniers matches. Leur route croisait alors celle d'un opposant direct l'Elan Bearnais Orthez. Le successeur de Jean Luent, George Fisher était en effet parvenu à former un groupe redoutable notamment dans sa mythique Moutète (3 défaites seulement) autour du jeune américain Paul Henderson, successeur de Bill Lindsey, et des français Larrouquis, Hufnaghel ou Bisseni. Mais la fatigue de la coupe d'Europe finissait d'user l'équipe qui s'inclinait 3 fois sur les 5 derniers matches dont celui à Caen (91-80) sous l'impulsion d'un formidable Didier Dobbels (32pts). Les Caennais avaient leur destin en main en se déplaçant en terre limougeaude. Mais face à un CSP luttant pour son maintien, les caennais s'écroulaient (97-76) laissant passer leur chance.
Dans la roue de Caen et Orthez, Mulhouse et Monaco échouaient aussi de peu (14-12). Champion de N2 en 1978, les alsaciens pouvaient compter sur 2 joueurs d'exceptions, le naturalisé Barry White (rien à voir avec le chanteur ou Gilles Grospaquet) et l'américain Cliff Meely. L'ancien joueur NBA à Houston et aux Lakers ne laissait pas Buffière insensible: "Meely est un joueur explosif. Il a battu à lui seul l'Asvel. Il sait tout faire sur un terrain. Bon nombre de joueurs ont à apprendre les fondamentaux. Toujours est-il que le Mulhousien les détient sur le bout des ongles." Malheureusement la saison ne devait pas être aussi brillante que prévue. White se blessait (métacarpe main droite) dès le 4ème match lors d'une victoire à Limoges (94-97) et l'équipe échouait lors de l'ultime journée en sombrant sur le parquet de manceaux finissants en boulet de canon (105-82). Pour Monaco en revanche l'heure n'était pas à la déception tant l'objectif avait été atteint. Au début de la saison le président Quenin avait mis les choses au point en déclarant: "en 1950, Monaco avait terminé 2ème... Nous avions joué la finale. Trente ans plus tard, nous sommes encore là. La prudence nous est dictée par l'expérience de la compétition". Après un début difficile (3 défaites en 4 matches) le groupe monégasque autour du meneur Robert Zuitton, de l'américain Mike Stewart et de l'international Georges Brosterhous avait parfaitement rempli ses objectifs.
Le maintien:Pour l'Olympique d'Antibes, le titre de 1970 avec le Portoricain Dan Rodriguez ou les deux internationaux français Jean-Claude Bonato et Jacques Cachemire était bien loin. Des problèmes financiers récurrents poussaient le nouveau coach Jacques Paquet à la prudence en visant les 6-8èmes places. Malgré un effectif de qualité autour du meneur Sylvain Grzanka, remarquable distributeur, de l'athlétique Saint-Ange Vébobe, de Charles Brakes, Ulysse Gruda ou de l'US Robin Jones, les antibois devaient lutter jusqu'au bout pour éviter de jouer la poule de relégation promise aux 4 derniers. Pour rajouter à la pénible saison, la salle était suspendue après l'agression de l'arbitre Yvan Mainini (actuel président de la FFBB) par les spectateurs. Après Mulhouse et Caen, l'agression à Antibes poussait le journaliste de l'Equipe, Jean-Pierre Dusseault à pousser ce cri d'alarme, "le jour n'est pas lointain où la mort frappera dans le petit monde du basket français". Pour Nice en revanche, la saison fut plus joyeuse. Jouant le maintien après avoir sauvé de peu sa peau l'année précédente, les Niçois purent compter sur l'excellence de leur nouvel américain Richard Darnell dit "Buffalo Bill" pour décrocher 5 victoires lors des 6 dernières rencontres et maintenir l'écart avec Limoges, première des quatre équipes devant jouer un avenir incertain dans la poule de relégation.
La relégation:Malgré les renforts de Vérove (Caen) et de Deganis (Racing), le CSP devait galérer toute la saison devant remettre son avenir dans une périlleuse poule de maintien. Les problèmes de genou de l'international Apollo Faye furent au cœur des problèmes de l'équipe limougeaude. En cette difficile saison régulière, le match à domicile contre Tours fut un vrai moment de bonheur. Malgré l'égalisation de dernière seconde de Pondexter sur 2 lancers-francs (104-104), le public "vert" pouvait fêter ces héros. Faye avait impressionné au rebond alors que Vérove, Moltimore et Livio jouait les maîtres d'œuvre.
Livio, Dacoury et leurs ... afroPour Vichy, l'issue faisait peu de doutes. Coach Besson avec les moyens du bord dirigeait un groupe qui ne lâcha rien jusqu'au bout comme le prouve la victoire vychissoise sur Le Mans lors de l'avant-dernière journée alors que les champions de France jouaient leur qualif pour la poule finale. Mais malgré le 2ème scoreur du championnat, l'américain William Howard, Vichy ne pu éviter la terrible poule de relégation. En revanche pour la CRO Lyon (La croix-Rousse), la déception était grande tant l'effectif semblait de qualité. L'équipe possédait en effet un joyau en la personne du scoreur-rebondeur Floyd Allen. Meilleur marqueur du championnat (32.19pts par match), il ne put guider sa team vers les succès après une phase aller catastrophique (2 victoires seulement) mais marqua les esprits contre le futur champion de France en plantant 53pts à la défense tourangelle.
Enfin Berck en finissait de mourir. Confrontés à de graves soucis financiers depuis 1976, le club de la côte d'Opale s'écroulait sportivement en ne remportant qu'une seule rencontre contre des Limougeauds toujours en difficulté à l'extérieur.
CLASSEMENT FINAL: 1- TOURS 68pts ... 2- Villeurbanne 66pts ... 3- Le Mans 57pts ... 4- Stade Français-Evry 57pts
5- Orthez 56pts ... 6- Caen 56pts ... 7- Monaco 54pts ... 8- Mulhouse 54pts ... 9- Antibes 50pts ... 10- Nice 50pts
11- Limoges 46pts ... 12- Lyon 42pts ... 13- Vichy 42pts ... 14- Berck 28pts