Pro A - Un contre un avec Christian Fra, le président du SLUC Nancy
« Je n’ai jamais senti autant de soutien » zoom « J’aime mon équipe cette année sous le panache de son capitaine John Linehan. Il y a du respect, de la politesse. Et puis, elle donne tout », confie Christian Fra. Photo d’archives Patrice SAUCOURT
Christian Fra met les points sur les i et en profite pour faire taire les rumeurs sur son avenir au SLUC et sur les problèmes financiers de son club.
InterviewCe n’est pas le genre à être ébranlé par les rumeurs de bas étage. Quant à la presse, il avoue bien volontiers que s’il dévore « son journal » L’Est Républicain dont il est le distributeur exclusif depuis des décennies, il sait prendre du recul avec ce qu’il peut lire, à droite ou à gauche : « Je rentre d’un voyage en Amérique du Sud. J’essaie aujourd’hui d’en profiter un peu plus même si rapidement le SLUC, mes joueurs, nos supporters, ma ville me manquent », dit-il d’une voix douce, lui le « Prési » au physique de catcheur.
Dans son refuge du « Bon Accueil », chez lui à Richardménil, entre deux appels sur le portable, Christian Fra a tenu à mettre les points sur les i.
Président, on entend, ici et là, que le SLUC connaîtrait de grosses difficultés financières ?
C’est dur. Et pour tout le monde. Je rentre de Pau, où j’ai passé quatre jours avec les présidents des clubs de Pro A. Mais, à ce que je sache et vous pouvez demander à mes joueurs comme au personnel du club, tous les salaires sont réglés au jour J.
Mais vous avez lancé une souscription auprès de vos partenaires, après le jugement de la Cour d’Appel de Reims sur la rupture du contrat abusive de Corey Carr et les 111.745,18 euros à payer...
Grâce à tous ceux qui ont répondu à notre appel (Ndlr : 70.000 euros de dons) et que je remercie encore, on a tenu le choc. J’ai vu qu’Orléans, vainqueur de la Coupe de France, qualifié en Euroligue pour 2009-2010 avait fait également une souscription. J’ai cru comprendre à Pau que l’Entente avait obtenu une récolte beaucoup moins juteuse que nous.« Je suis regonflé à bloc »
La preuve irréfutable que vous êtes soutenus ?
Et comment ! Je tiens à préciser que nous avons lancé cet été une opération de recapitalisation du club dans un cercle fermé. Tout naturellement, les intéressés y ont adhéré en quelques jours. Idem pour notre souscription. Je ne me suis jamais senti aussi soutenu, aussi aidé. Je suis regonflé à bloc. Et j’irai jusqu’au bout de mon mandat avec une détermination farouche si bien sûr, je n’ai pas de pépins de santé. Mais rassurez-vous, j’ai une femme qui veille sur moi… (sourires)
Pourquoi les temps sont-ils si durs ?
D’abord, le contrecoup de l’Euroligue. N’oubliez pas que nous avions bâti une équipe pour jouer l’Euroligue sur trois ans comme le stipulait le règlement noir sur blanc. On nous a volé ce droit et supprimé le DIC (Ndlr : Droit à l’Image Collective) qui représente pour nous cette saison, une perte sèche de 200.000 euros. Plus tu présentais des joueurs de haut niveau, qui intéressent les médias, plus tu pouvais toucher du Droit à l’Image Collective. Cette suppression nous pénalise plus que des clubs comme Vichy ou Poitiers avec tout le respect que j’ai pour eux. Vous ajoutez l’affaire Corey Carr, la blessure de Mims qui engendre des frais même s’il est assuré. Enfin, il y a la crise. Pour le partenaire qu’il soit petit ou gros et surtout pour le supporter ou le spectateur, les temps sont durs.
Avez-vous abandonné vos poursuites judiciaires contre la Fédération Française de Basket- Ball et la Ligue Nationale quant à la non-application du ranking ?
Absolument pas. On attend des nouvelles du Tribunal Administratif. Ça ne devrait pas tarder. Après, ça risque d’être long car les deux camps auront la possibilité de faire appel.« On est installé au sommet du basket français, il faut y rester le plus longtemps possible »
Avez-vous, comme vous l’aviez promis lors de votre réélection à la tête du SLUC le 11 mars dernier, baissé votre masse salariale ?
Effectivement. De 200.000 euros pour être précis. Et s’il faut encore baisser, on le fera, en se serrant les coudes. Mais, avouez que c’est inquiétant pour le basket français. Comment lutter aujourd’hui en coupe d’Europe avec les clubs espagnols, italiens, grecs, russes, lituaniens ou allemands si on nous pénalise sur les charges sociales, sur le DIC ?
Pourquoi ne pas attendre que le SLUC se refasse une santé financière en communiquant plus sobrement sur les ambitions du club ?
Ce n’est pas dans mon tempérament. Notre merveilleux public, le plus nombreux de France veut une équipe compétitive. C’est logique. On doit toujours faire le maximum. Nos partenaires ont aussi besoin d’une équipe gagnante. Depuis maintenant sept ans, on est installé au sommet du basket français, il faut y rester le plus longtemps possible. Nos supporters le méritent. À Pau, à la Semaine des As, il y a eu 12.000 spectateurs. En 2007, ils étaient 21.500 à Gentilly. Le record ! Et pourtant le SLUC Nancy est aujourd’hui le seul club de basket de Pro A à être concurrencé par un club de football de Ligue 1 car Paris joue à Levallois et l’ASVEL à Villeurbanne.
En diminuant la masse salariale, pensiez-vous que le SLUC serait aussi bien placé après 17 journées ?
Si on suit la logique des chiffres et des budgets, on aurait dû se situer plutôt autour de la huitième place. On est troisième. C’est inespéré. Après, on a vu à Pau, face aux grosses cylindrées qu’on est trop court en effectif. Imaginez que Jeff Greer n’est pas dans le cinq majeur à Gravelines. Chez nous, il jouait trente minutes par match.« On tente de garder Tremmell Darden »
Et si Ralph Mims ne s’était pas blessé ?
J’aurais bien aimé voir ça, mais on parle dans le vide, on rêve. J’aime mon équipe cette année sous le panache de son capitaine John Linehan. Il y a du respect, de la politesse. Et puis, elle donne tout. Parfois, ça ne passe pas comme à Pau mais elle se bat.
Avez-vous déjà entamé des négociations avec des joueurs pour la saison prochaine ?
Avec (Kenny) Grant, c’est réglé. Il sera encore au SLUC la saison prochaine. On discute avec l’agent de Stephen Brun et surtout on tente de garder Tremmell Darden. On est en négociation. Son agent français est d’accord. Il est parti sur la Coupe du Roi en Espagne pour rencontrer l’agent américain de Tremmell. Le joueur se plaît bien à Nancy. Maintenant, pourrons-nous faire face à ses prétentions compte tenu de son exceptionnelle saison ?
Un nouveau joueur est arrivé. On ne pourra vous reprocher votre manque de capacité de réaction ?
Il faut battre l’ASVEL samedi. On a une revanche à prendre. Gentilly doit faire le plein. On est poursuivi par la poisse. Mais on fait face. Avec des moyens limités, on lance Terrance Johnson. À lui de saisir l’occasion… »
Recueilli par Gilles GAIHIER
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