Mulhouse
MBC - FCM Basket
1. Les premiers dribbles
Les premiers rebonds et dribbles du basket mulhousien remontent au début des années 1920. A l'époque, on joue encore avec des bérets, les lancers francs se font à la cuillère et le ballon est lourd et en cuir lacé! Mais voilà, dans ces années là, Mulhouse domine le basket français. Le Foyer Alsacien remporte le titre national en 1924, 1925 et 1926, le perd l'année suivante mais le récupère en 1928 pour ne plus le lâcher avant 1932! En 1935 puis en 1937 et 1938, c'est l'autre club mulhousien, le Cercle Athlétique Mulhousien, qui remporte le titre. Le basket se joue à l'époque avec 8 joueurs sur le terrain et une grande rivalité naîtra entre ces deux clubs phares mulhousiens.
En 1949, le Foyer Alsacien et un autre club mulhousien, l'Espérance, fusionnent pour former le Mulhouse Basket Club (MBC).
En 1972, c'est l'arrivée des Américains au MBC. L'objectif est atteint avec la montée en Nationale 3. Deux ans après, en 1974, le club monte en Nationale 2 et remporte le titre national avec dans ses rangs Jean-Luc Monschau, Francis Schneider, Jean-Marc Lentz, Jean-Luc Cereja ou encore Patrick Schlegel.
Le Foyer alsacien en 1924
2. La montée en première division
En 1978, c'est la montée en première division, Mulhouse touche au but! La fin des années 70 et le début des années 80 marque la forte progression du MBC sur la scène nationale. L'équipe est alors formée en grande majorité du cru mulhousien avec tout d'abord Francis Schneider, Christian Monschau ou encore Philippe Scholastique (qui finira meilleur marqueur français de l'équipe en 1982-1983). Par la suite, c'est Marc Bousinière, Jamel Benabid ou encore Daniel Contessi qui viendront s'y ajouter et qui parviendront non seulement à maintenir l'équipe au haut niveau mais également à créer une structure solide et ambitieuse.
3. Les grandes années (et la victoire au Tournoi des As 1989)
Tournoi de Mulhouse, Septembre 1987
1985-1987
A partir de 1985,
Jean-Luc Monschau prend en charge la direction de l'équipe et la maintient au sein de l'élite au cours de la saison 1985-1986.
L'année suivante marque l'arrivée de la première véritable "star" américaine au MBCqui se nomme Joe Dawson. Cet ailier américain finit meilleur marqueur du championnat de Nationale 1A avec plus de 35pts de moyenne, et également 10 rebonds par match.
Dawson est secondé au poste de pivot par un autre américain, Wiley Brown (18pts, 8.8rbds sur la saison). Greg Johns (10 pts/match) et Marc Bousinière (12.1pts/match, meilleur marqueur français de l'équipe) sont les deux autres grands bonhommes du MBC. Le club termine quant à lui à la 9ème place du championnat et est éliminé en 1/8ème de finale des Playoffs 1987 par Lorient.
1987-1988
L'intersaison 1987 marque l'arrivée de deux joueurs d'exception, Ron Davis et Curtis Kitchen. Curits Kitchen, pivot américain de 2.06m drafté par les SuperSonics de Seattle en 1986, termine meilleur contreur du championnat avec 3.4 contres par match, soit près du double que le 2ème (1.8ctre), et finit la saison avec une moyenne de 11 rebonds/match (3ème du classement). De son coté Ron Davis, ailier américain de près
de 2m, survole le championnat en temps que meilleur marqueur (30.2pts/match).
Le club recrute également un ailier franco-américain de 2.02m, Pat Burtey, en provenance d'Avignon (18.9 points par match sur la saison), et Greg Johns (14.2 pts/match en 87-88) est toujours dans l'effectif. Avec ces différents apports, il est clair que le MBC souhaite jouer un rôle important dans ce championnat.
En cours de saison,
Jean-Luc Monschau est nommé entraîneur au All Star Game qui a lieu à Mulhouse. Ron Davis, Curtis Kitchen et Christian Monschau (56.6% à 3pts sur la saison, 1er du classement) sont également de la partie. Malgré tout, en fin de saison, le MBC termine à une modeste 9ème place (14 victoires, 1 nul et 15 défaites), élimine Antibes en 1/8ème de finale des Playoffs avant de se faire éliminer par le grand CSP Limoges en quart de finale (2 manches à 0). Le CSP conquerra cette même année un titre qui lui échappa l'année précédente.
Pat Burtey (Photo MaxiBasket) Quart de finale contre Limoges, avril 1988
1988-1989
Philip Szanyiel et Jean-Aimé Toupane, tous deux en provenance de Monaco avec respectivement 14.7 et 11.8 pts/match en 87-88 où Monaco termine 2ème du championnat, ou encore Frank Butter (de Caen, 10pts/match en 87-88) viennent grossir les rangs déjà bien remplis du MBC en début de saison.
Ron Davis est toujours intenable en attaque (31.1pts par match sur la saison, meilleur marqueur du championnat), avec au passage une pointe à 61 points le 29 octobre 1988 contre le Racing Paris (6ème performance de tous les temps). Curtis Kitchen est égal à lui-même (meilleur contreur du championnat pour la 2ème fois consécutive avec 2.4ctres par match) et tous les autres joueurs participent activement à la réussite du MBC.
Au moment du Tournoi des As en avril 1989 au Mans, le MBC est classé 4ème et rencontre en demi-finale de ce tournoi l'ogre limougeaud. L'espoir de qualification est mince mais le MBC réussi l'exploit de battre le CSP de Richard Dacoury, Stéphane Ostrowski ou encore Don Collins et Michael Brooks. Ron Davis finit meilleur marqueur du match avec 29 points, très bien épaulé par Pat Burtey (28 points) et Kitchen (15 rebonds). En finale, le MBC rencontre Cholet. Après une partie insoutenable de tension, le MBC remporte, 82-80, son premier grand titre avec un panier venu d'ailleurs à la sirène de Ron Davis (23 points), décidément incontrôlable. Le Cholet du jeune Antoine Rigaudeau et des expérimentés Valery Demory, Jim Bilba ou Graylin Warner doit s'incliner et, par la même occasion, le MBC s'invite à une Coupe d'Europe (place en Coupe des Coupes)!!
Ron Davis en finale du tournoi des As 1989 La fin de saison est faste. Le MBC finit 4ème de la saison régulière (21 victoires, 9 défaites), et Jean-Luc Monschau est élu entraîneur de l'année. En Playoffs, le club élimine Montpellier en ¼ de finale (2 manches à 1) mais doit logiquement s'incliner face au CSP limoges (2 manches à 0), qui quelques semaines plus tard sera une nouvelle fois sacré champion de France.
Photo Journal L'AlsaceComposition du MBC au cours de la saison 1989-1990, avec de gauche à droite:
Debout: Patrick Schlegel (assistant coach), Ron Davis, Laurent Etienne, Philip Szanyiel, Curtis Kitchen, Pat Burtey, Guillaume Hurst, Jean-Luc Monshau (coach)
Accroupi: Daniel Dos Anjos, Christian Monschau, Jamel Benabid, Daniel Contessi, Jean-Aimé Toupane, Frank Butter
1989-1990
L'équipe sacrée au Tournoi des As l'année précédente est reconduite en quasi-totalité pour la saison 89-90. La paire américaine Davis-Kitchen est toujours là et le MBC peut pleinement profiter de ses matchs en Coupe d'Europe.
Le niveau est sensiblement plus élevé que le championnat et le MBC qui se retrouve dans une poule très difficile est éliminé dès la première phase (1 victoire et 5 défaites). Cette campagne européenne aura quand même vu le passage du PAOK Salonique, du Partizan Belgrade et du grand Real Madrid au Palais des Sports, chaudron survolté durant tous ces matchs.
Mais le MBC n'oublie pas le championnat et réussi à nouveau une saison pleine. Curtis Kitchen gobe les rebonds, avec notamment ses 26 rebonds pris un soir de décembre 1989 contre Saint-Quentin (4ème performance de tous les temps) et le club finit à la 5ème place du championnat de Nationale 1A (23 victoires, 11 défaites).
Au moment des Playoffs, Monaco cède 2 manches à 0 en 1/8ème de finale, puis c'est au tour de Pau-Orthez de craquer à son tour en quart de finale (2 manches à 1). Comme à l'accoutumé, c'est en demi-finale que la route du MBC s'arrête, éliminé pour la 3ème fois d'affilée par le CSP Limoges qui filera tout droit vers un 3ème titre consécutif de champion de France. Le MBC se qualifie tout de même pour une nouvelle campagne européenne qui sera cette foi-ci la Coupe Korac.
Ron Davis (Photo MaxiBasket)1990-1991
L'intersaison est marquée par le départ de Ron Davis, joueur emblématique des 3 dernières années. Ron Davis restera encore pour très longtemps le meilleur joueur à avoir enfilé le maillot mulhousien. Pour essayer de combler son départ, le MBC recrute un ailier shooteur américain, Al Wood, joueur vedette de l'Université de North Carolina au début des années 80.
Ce choix se révèle être payant puisque Wood se fond immédiatement dans l'effectif de
Jean-Luc Monschau. Les apports de Christophe Soulé à la mène, de Frédéric Monetti au poste d'intérieur et de Stéphane Lauvergne à l'aile annulent
respectivement les départs de Daniel Dos Anjos, Frank Butter et Jean-Aimé Toupane.
Avec en plus, un Philip Szanyiel et un Curtis Kitchen au top de leur forme, Le MBC peut commencer le championnat et la Coupe d'Europe avec l'esprit de conquête. Et le début de parcours en Coupe Korac donnera raison aux espoirs les plus fous!
Le MBC élimine tout d'abord le club suédois de Solna au premier tour (victoires à l'aller et au retour) puis l'Efes Pilsen Istanbul au 2ème tour (victoire 87-70 à Mulhouse, défaite 96-87 au retour). Voilà le MBC en poule de 1/8ème de finale en compagnie des non moins prestigieux clubs de la Juventut Badalone, l'Aris Salonique et Varèse! Après des luttes acharnées, le MBC reste invaincu dans sa salle, et termine 2ème de la poule derrière le Juventut Badalone, se qualifiant ainsi pour les ¼ de finale de la compétition.
Se dresse alors sur la route le KK Zadar d'un certain Adrian Komazec, figure emblématique du basketball croate des années 90. Le MBC réussi un véritable exploit en réalisant un match nul 84-84 en Croatie! Au match retour, le Palais des Sport est plein à craquer, près de 4000 personnes se serrent les uns aux autres pour voir ce que tout le monde espérait, la qualification pour les ½ finale! Avec une envie énorme et une incroyable énergie, la bande des Szanyiel, Soulé, Kitchen, Lauvergne, Monschau, Benabid et Monetti survole le match et gagne de 16 points 84-68. Le chemin peut continuer!
Malheureusement, le parcours s'arrêtera en ½ finale avec les 2 défaites à l'aller (88-84) et au retour (60-50) contre le club italien de Cantu, futur vainqueur de l'épreuve. Mais que ce MBC là a fait plaisir au public mulhousien!!
En championnat, le très bon parcours du MBC en Coupe d'Europe permet à Christophe Soulé, Frédéric Monetti et Curtis Kitchen de participer au All Star Game à Pau en mai
1991.
Mais la longue saison commence à se faire ressentir, notamment en fin de
championnat. Le club finit tout de même 5ème (18 victoires et 12 défaites) et Curtis Kitchen est élu meilleur rebondeur du championnat (11.6 rebonds par match), mais les Playoffs se passent mal et le MBC est éliminé en 1/8ème de finale par la modeste équipe de Reims, classée 12ème à l'issue de la saison régulière.
La fin de parcours est donc décevante mais les images et les exploits de la Coupe d'Europe resteront encore gravés quelques années dans les esprits des supporters mulhousiens!
4. La chute
1991-1992
L'été 1991 marque le départ de nombreux joueurs. Al Wood, Christian Monschau,
Jean-Luc Monschau en tant qu'entraîneur quittent le navire mulhousien. Chris
Singleton prend alors les commandes.
Cet intersaison 1991 est aussi l'occasion de voir arriver sur le parquet mulhousien, en remplacement d'Al Wood, un certain Joe "Jellybean" Bryant, 37 ans et 2.07m, joueur NBA pendant 8 ans et qui a passé les 7 dernières années dans le championnat italien.
Joe Bryant emmène avec lui toute sa famille, dont un certain Kobe Bryant (oui, oui, bien le Kobe Bryant des Los Angeles Lakers!!), 13 ans à l'époque.
Déjà bien mature pour son âge, Kobe suit les entraînements de son père du banc de touche et démontre déjà d'immenses qualités technique et physique pour son âge. Et comme le dira ironiquement quelques années plus tard Patrick Schlegel, entraîneur assistant à l'époque, "On aurait peut-être dû prendre une option sur lui jusqu'à l'âge de 30 ans. On a manqué de flair"!
Malgré tout Joe Brant est coupé après onze matchs de championnat, le MBC ne réussit pas une très grande saison malgré quelques belles promesses de certains joueurs, notamment Jimmy Vérove, vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions avec Limoges 2 ans plus tard, et surtout Curtis Kitchen, éternel guerrier qui finit une fois de plus meilleur rebondeur (11.5 rebonds/match) et meilleur contreur (2.1 contres/match) du championnat.
En fin de saison, le club termine à la 7ème place du championnat A1 (16 victoires, 14 défaites) mais est éliminé d'entrée en 1/8ème de finale par l'ASVEL 2 manches à 0. Et bien malheureusement, ce n'est pas cette élimination prématurée qui restera gravée
dans les têtes mulhousiennes mais bien la rétrogradation en Nationale A2 pour raisons financières…
Le MBC disparaît de la grande famille de la Nationale A1 et
devient le FCM Basket.
Photo Magazine Basket Hebdo (28 janvier 1998)1992-1993
Après le choc de la relégation dépassé et la décision du grand et merveilleux Curtis Kitchen de quitter le club après 5 années de très bons et loyaux services rendus au club, le FCM Basket met en place une équipe capable de jouer les premiers rôles en A2.
Patrick Schlegel succède à Chris Singleton au poste d'entraîneur, et de leur coté, Christophe Soulé, Philip Szanyiel, Pat Burtey et Laurent Etienne acceptent de repartir à l'échelon inférieur. L'ailier américain Harold Keeling et le pivot John Garris sont aussi recrutés. Toutes les cartes sont réunies pour espérer remonter en National A1 le plus vite possible. Mais l'alchimie ne prend pas, le club souffre dans un championnat très serré et termine à une très modeste 10ème place. L'équipe participe malgré tout au Playoffs commun Nationale A1 - Nationale A2 mais se fait sortir dès les 16ème de finale par Montpellier, 2 manches à 0.
Une saison à effacer pour le club mulhousien.
Texte rédigé par Thibaut Siegmann, supporter assidu du MBC et FCM Basket depuis 1988.